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Les tops 3 de livres post-apocalyptiques de vos libraires!

En ce mois halloweenesque, j’ai demandé à plusieurs libraires d’élaborer un top 3 de leurs livres post-apocalyptiques préférés. Chacun y est allé de suggestions diverses, le seul mot d’ordre étant qu’il devait s’agir d’une publication imprimée. Ils ont tous leur style et j’espère qu’ils sauront vous charmer. Les voici donc.

On lance le tout avec un nouveau libraire, mais néanmoins passionné : M.V.

Si vous voulez discuter post-apocalyptique, il y a des chances pour que notre discussion soit longue et animée, mais si vous n'avez que peu de temps et que vous me demandez de vous conseiller trois œuvres qui sont pour moi incontournables, voilà ce que je vous répondrais.

#3 I am a hero, de Kengo Hanazawa

Hideo Suzuki, ancien mangaka relayé au rang d'assistant mangaka, essaie de renouer avec le succès via un nouveau projet de manga afin de pouvoir vivre heureux avec sa petite amie. Hideo est tellement absorbé par son travail, ainsi qu'assailli par des angoisses et des hallucinations (un ami imaginaire), dont il lui est parfois difficile de discerner réalité et imaginaire, si bien qu'il ne se rend pas compte que la ville commence à être infectée par des monstres sanguinaires.

Histoire plutôt classique du post-apocalyptique en premier lieu, l'élément catastrophique étant ici une épidémie changeant les humains en monstre tuant et dévorant tout sur leur passage. Les survivants sont au départ des « reclus » de la société, des no life ou bien des bourreaux de travail, ce qui leur évitera d'être contaminés puisqu'ils n'ont que très peu d'interaction avec la population. C'est ce que j'aime ici, que les « héros » étaient, avant la catastrophe, des rebuts ou des losers, mais avec la chute de la société telle qu'on la connaît, les voilà sur le devant de la scène devant lutter et s'entraider pour survivre.

C'est là un point fort du post-apocalyptique et de ce manga. Le faible, dû à sa position dans la société, peut très bien devenir le fort après le déclin de cette dernière grâce au retour des lois plus naturelles, tel que la loi du plus fort. Très bien réalisé et mettant en scène des thèmes récurrents du post-apo, ce manga nous offre une critique de la société stricte Japonaise et des castes de la population ainsi que de la condition humaine face au danger : faire confiance ou non à l'autre pour survivre. Encore une fois les monstres ne sont pas toujours ceux que l'on croit.

#2 Hiver Nucléaire, de CAB allias Caroline Breault

Prenant place à Montréal, ce livre nous raconte la vie de Flavie, dans un Québec plongé dans un hiver nucléaire à la suite d’un accident survenu dans une hypothétique Gentilly-3.

Neuf ans se sont écoulés depuis la catastrophe et de gros changements dans la façon de vivre se sont produits sans pour autant que tout le système soit chamboulé. La vie continue et s'adapte. Les gens travaillent toujours, au milieu des difficultés causées par la catastrophe et des mutants intégrés. La vie est dure, mais c'est leur vie et ils la continuent tant bien que mal dans un nouveau monde parfois dangereux avec de nouvelles règles. C'est ce qui me plaît dans l'idée de l'hiver nucléaire : s'adapter à un nouveau milieu et à une nouvelle façon de vivre en tenant compte des mutations chez l'Homme et des changements climatiques. Ceci nous fait parfois réfléchir sur les relations entre individus et l'acceptation des différences. De plus nous ne sommes pas en présence de gangs décérébrés voulant dominer le monde par la violence ou de mutants/zombies tuant et dévorant tout sur leur passage. C'est cette vision différente, cette petite fraîcheur ainsi que la qualité des illustrations et l'humour présent dans la BD qui m'ont fait adorer Hiver Nucléaire.

#1 Gunnm, de Yukito Kishiro

L'histoire de Gunnm est basée sur une catastrophe due à la collision d'une météorite avec la Terre. Le monde se divise alors en deux parties. Il y a d'abord la belle ville de Zalem, suspendue au-dessus de la Terre, réservée aux élites. Vient ensuite, en dessous, Kuzutetsu (la décharge) où le reste de la population survit dans la misère et la violence. Gally est une androïde trouvée dans la décharge, cet océan d'ordures déversées par Zalem. Ido, biomécanicien, lui construit un nouveau corps.

Le thème principal de la série est l'évolution de Gally et la recherche de ses origines. La souffrance, la liberté, l'amour, la recherche de soi-même et la grande question « qu’est-ce qui fait de nous des êtres humains? » : tant de thèmes qu'elle découvrira, parfois au travers de combats plutôt violents, mais qui reflètent parfaitement la vie souvent courte pour qui ne sait pas se défendre dans la décharge et parfois à travers d’événements communs ou tragiques nous mettant face à notre propre impuissance. Un autre point fort de Gunnm : ses « méchants ». Ils ne rentrent pas dans l’archétype du méchant sans profondeur; ils ont tous une raison d'agir comme ils le font, un événement qui les a transformés pour le pire et qui laisse une trace en nous, en tant que lecteur.

Des dessins fantastiques et une histoire profonde font de Gunnm un manga immanquable pour tout fan de post-apocalyptique.

Voilà mes trois œuvres post-apocalyptiques à lire si le genre vous intéresse. Qu'il soit écrit, filmé ou dessiné, le post-apo c'est beau.

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Enchaînons avec Adam, libraire de profession et amateur de science-fiction dans ses temps libres.

« Dernier meurtre avant la fin du monde », de Ben H. Winters, est un cas un peu unique de roman policier « préapocalyptique ». Sur 3 volumes, on y suit l'enquête tortueuse de Hank Palace, policier aussi obstiné que désabusé et pour cause : un astéroïde de 6 kilomètres fonce sur la Terre et l'aura sans doute réduite en cendre d'ici 6 mois. Au fil des chapitres au ton très télévisuel, on assiste à l'inéluctable dislocation d'une société promise à l’abîme : et si la vraie apocalypse avait déjà lieu avant même l'impact?

(Ben H. Winters, Dernier meurtre avant la fin du monde, Super 8 éditions)

Un premier roman pour le moins impressionnant, et qui se paie le luxe de dépoussiérer le genre post-apocalyptique avec une composante quasi « nature writing »? Oui, et ça fonctionne étonnamment bien. Et c'est là toute la force de Peter Heller : avoir su conjuguer autant d'influences et de genres à priori antinomiques tout en livrant un récit cohérent et extrêmement prenant. Bouleversant aussi, lorsque le lecteur ressent dans ses tripes les errements métaphysiques des deux héros aux prises avec la fin de l'Histoire. Une épidémie effroyable a décimé l'humanité, et les survivants ne sont guère accueillants : dans le règne du chacun pour soi et du survivalisme, on tire avant de discuter, et une canette de coke rescapée vaut bien des fusillades....

(Peter Heller, La constellation du chien, Actes Sud)

Alan Moore est assez unanimement reconnu comme un genre de génie omnipotent en ce qui concerne les comic-books, ayant quand même juste révolutionné le genre au fil des années avec des scénarios aussi tordus que brillants. On lui devait déjà par exemple le reboot de la saga Swamp Thing dans les années 80, et il récidive ici d'une grandiose manière. Le matériel de base de la très gore saga Crossed semblait un peu simpliste, mais peu importe : Dieu Moore parvient à y coller une intrigue qui conjugue finement préquelle et séquelle, avec notamment un travail très bien pensé sur l'évolution de la société et de la langue des quelques survivants confrontés à de véritables cauchemars éveillés.

(Crosses One Hundred Alan Moore & Gabriel Andrade, Avatar Press)

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En voici une que vous connaissez, et vous l’aimez, Miss Octarine!

« Le temps du déluge », de Margaret Atwood : Le futur appartient aux Corporations, qui ne se cachent plus pour montrer qu’elles privilégient le profit à l’éthique, la satisfaction immédiate des plus riches au mépris de tout le reste. Au centre de la misérable plèbezone, pourtant, se trouve un improbable havre de paix : Édenfalaise, le repaire des Jardiniers de Dieu, une communauté de quelques personnes dévouée au respect de la vie sous toutes ses formes.

« La tyrannie de l'arc-en-ciel : La route de Haut-Safran », de Jasper Fforde : Dans quelques centaines d’années, la vision humaine se sera tellement détériorée qu’un nouveau modèle politique verra le jour : la Chromocratie, un système de hiérarchie des individus selon la ou les couleurs qu’ils arrivent à percevoir. Au haut de l’échelle, les Primaires, qui ne distinguent souvent qu’une couleur, mais en forte proportion. Tout en bas, les Gris, qui ne voient qu’en noir et blanc, et font office de domestiques.

«  Station Eleven », d'Emily St. John Mandel (une gracieuseté des Éditions Alto !) : L’apocalypse, Kirsten l’a vécue en direct : la grippe de Géorgie, foudroyante, n’a laissé qu’une poignée de survivants disséminés sur toute la surface du globe. Vingt ans après l’épidémie, la jeune comédienne vit sur les routes, dans une sécurité relative, au sein d’une troupe d’artistes itinérants. Lorsqu’ils contrarient, malgré eux, les terrifiants projets du Prophète, leur périple tourne peu à peu

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Poursuivons ce déferlement de fabuleuses suggestions post-apo avec Jimmy.

Numéro 3 : Dès le départ, je triche un peu avec cette entrée, puisqu’elle n’appartient pas à l’univers du roman, mais du jeu de rôle sur table : Midnight, pour donjon & dragon 3.5.

La prémisse est simple, mais assez intrigante : et si Sauron avait gagné dans le Seigneur des anneaux? S’il avait pris l’anneau, corrompu les leaders des armées qui s’opposaient à lui et placé Saruman à la tête des nations conquises. Les noms changent, mais l’atmosphère est bien là. Dans cet univers, les héros ont déjà perdu, les orques contrôlent toutes les villes, la magie est rare et corrompt, sans compter que tous ceux avec le don doivent être sacrifiés pour augmenter la puissance du cruel Dieu Izrador. Contrairement à d’autres univers de jeux de rôle, les héros ne cherchent pas d’objets magiques dans de vielles ruines, ils tentent de trouver de la nourriture pour leurs villages pillés par les orques, ils tentent de libérer des esclaves envoyés construire des monuments en l’honneur du dieu vainqueur. Un univers sombre et gothique qui change le statu quo.

Numéro 2 : Walking Dead, par Robert Kirkman

Vous pensez peut-être que je triche encore, mais non...enfin, si peu. Si vous connaissez la série télé, il est possible que vous ne sachiez pas qu’elle soit inspirée d’une série de Comic Book publiée chez Image Comics. Walking Dead se passe dans un univers qui ressemble au nôtre où, bien entendu, les morts ont commencé à se lever et marcher pour dévorer les vivants. On y suit les efforts d’un groupe de survivants, qui changent assez fréquemment, dans leur quête sans fin pour trouver un endroit sûr. Sans fin est le mot clé ici, quand le créateur de cette série l’a créé il disait ne pas aimer les films de zombies traditionnels, car à la fin, le spectateur était toujours laissez avec la question « et après ? ». L’auteur voulait créer une histoire qui ne finirait jamais, qui continuerait d’évoluer sans s’arrêter et, pour une série créée en 2003, encore publiée à ce jour et comptant plus de 27 volumes, c’est assez près de la réalité. Je n’ai pour ma part écouté que les premiers épisodes de la série, mais je voudrais avertir les cœurs sensibles. Je ne sais pas grand-chose de la série télé, mais le comic peut être incroyablement sombre et sanglant et pas à cause des zombies. Dans cet univers, les plus terrifiants sont les humains, avec l’arrivée des zombies, la civilisation a disparu, pour laisser place à la barbarie, la sauvagerie et le désir, vain, de survivre à tout prix. Dans cet univers, les morts qui marchent ne sont pas ceux que l’on croit…

Numéro 1 : Bon je ne triche plus maintenant, un roman, un vrai!

Brandon Sanderson est un auteur à succès avec de nombreux livres à son compte, mais une des séries que j’ai lues avec le plus d’attention est sa série des redresseurs, Cœur D’acier étant le premier volume. Dans cet univers semblable au nôtre, un phénomène spatial rappelant une aurore boréal semble avoir donné des capacités surhumaines à certaines personnes : contrôle du feu, téléportation et d’autres qui seraient à leurs places dans une bande dessinée de super héros. On y suit un jeune homme décidé à venger son père d’un des plus puissants surhommes (ou épiques). « Post apocalyptique » n’est pas un mot que j’aurais employé pour décrire le premier livre de la série, j’aurais plutôt dit « dystopique ». Le premier livre se passe dans Newcago, un Chicago contrôlé par une cabale d’épiques. Les gens y vivent dans la peur constante de mourir par un caprice de leurs tyrans, font des travaux forcés dans les usines, mais ont accès à de l’électricité, une force de police patrouille les rues avec des hoverscraft et des armures de combat sophistiquées.

Tout ça change dans le 2e livre, Brasier, où notre héros quitte Newcago pour se rendre à Babylone, la nouvelle New York. Dès ce moment, j’avais le sentiment d’être dans un véritable univers post-apocalyptique, mais aussi dans quelque chose de nouveau. De un, on sort de Newcago pendant un bref moment avant d’arrivé à Babylone et on nous y décrit la vie des gens qui ne sont pas sous le joug d’un épique. Des petits villages où la vie est dure et où l’on fait ce qu’on peut pour y survivre. Mais c’est vraiment Babylone elle-même qui m’a surpris. La ville est entièrement submergée dans l’eau, maintenue en place par les pouvoirs de l’épique qui la dirige, Regalia. Les gens vivent au sommet des immeubles et traversent de toit en toit avec des passerelles. Des fruits ont commencé à pousser sur les buildings, assez pour que les gens puissent se nourrir sans trop d’effort et finalement, la peinture en canette brille dans le périmètre de la ville, alors les gens en mettent partout, sur leurs vêtements, leurs habitats, etc. Pourquoi? Personne ne le sait. À cette atmosphère de Venise de l’Armageddon, vous pouvez ajoutés des habitants blasés qui ont pour philosophie : hey! On peut mourir n’importe quand, ici la nourriture est facile et notre tyran se fout de nous alors autant faire la fête! Rarement j’avais vu univers si original et vivant, qui a vraiment marqué ma lecture.

***

Je me permets humblement de terminer avec mon top 3 personnel.

Le passage (Justin Cronin)

Définitivement le livre post-apocalyptique le plus enlevant que j’ai lu. Une histoire très complète, racontée de manière…chronologique! Eh oui, un retour au traditionnel avec ce premier opus d’une trilogie encore en cours de publication. Un livre complet duquel il est difficile de refaire surface pour revenir dans le monde réel. Le tome 2 nous transportera d’ailleurs encore plus loin, mais sous un angle nouveau. Qui sait où le tome 3 nous mènera!

Celle qui a tous les dons (Mike Carey)

De tous les livres et films de zombies que j’ai lus ou vus, c’est celui-ci qui est le plus plausible quant à la cause de la propagation. Ce livre, c’est Mélanie qui nous mène page après page, vers une fin saisissante. Une adaptation cinématographique est en cours.

La trilogie Hunger Games (Suzanne Collins)

Bien que ce soit un roman jeunesse (sans compter une franchise cinématographique monstrueusement populaire), cette série explore la dystopie sous un angle politique intéressant (pas suffisamment développé pour plaire à un public adulte, donc peut-être sous-estimé à cet effet) ainsi qu’avec un mélange de douleur et de résilience bien dosé, à travers les yeux de Katniss.

 

J’espère que vous vous sentez inspirés et que vous vous précipiterez chez votre libraire; on ne sait jamais, parfois, la fin du monde peut survenir à tout moment. ;)

Tag(s) : #Dossier, #Suggestion
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